Dédicacer son
livre dans une librairie ou lors d’un salon peut représenter une
véritable épreuve et quelquefois même une leçon d’humilité. Pour commencer, la
position assise de l’auteur, derrière sa pile de livres, par rapport à la
verticalité du chaland, place ce dernier en position de supériorité. Le regard
souvent méprisant pour ce « pauvre-homme-obligé-de-s’abaisser-à-vendre-ses-livres-lui-même »,
en dit long sur le sentiment du public ; un peu comme s’il considérait un étron
sur un trottoir. Même un mauvais livre demande autant de travail qu’un
bon ! alors, que diable, un peu de respect pour la besogne ! Faire la
retape frise la prostitution. Le « Tu montes chéri ? » est remplacé par : « Aimez-vous les romans policiers ? ».
Si la réponse est : NON ! L’envie de répéter ce que Cambronne
répondit aux généraux anglais, peut se lire dans mes yeux, en opposition
complète avec mon sourire niais (il est naturel chez moi). Mais de
temps-en-temps les auteurs ont droit à une pépite. Voici une scénette vécue par
moi, l’année dernière et absolument authentique, alors que j’étais
invité dans une très grande librairie !
Un homme s’approche
de mon stand, prend en main l’un de mes livres, le retourne pour en lire la 4e
de couverture, me regarde et demande :
-
Vous êtes flic ?
-
Non je suis auteur de romans policiers,
guide-conférencier dans un musée et consultant (que j’étais encore).
-
Ah oui ! Que des métiers de faignants !
-
Et vous que faites-vous dans la vie ?
-
Moi, j’cherche du travail…
Étant invité par
une libraire charmante, il n’a pas pris mon livre en travers de la gueule,
oups pardon ! de la figure, mais l’envie m’en démange encore aujourd’hui.
Ah le maudit con !