Court extrait d’un article
publié dans "Recherches internationales, n° 101, octobre-décembre 2014 »
Trente années de conflits au Moyen-Orient ont constitué́ une machine à
fabriquer les pires extrémistes religieux dopés par deux grandes victoires :
contre les Soviétiques, puis contre les États-Unis. Excusez du peu. À partir
d’une telle posture, il n’y a pas lieu de s’étonner que le califat puisse rêver
d’instaurer sur le territoire qu’il contrôle (de moins en moins) les traits de
la société́ de ses vœux, le régime des talibans en pire ! – et d’appeler tout
musulman où qu’il se trouve à participer à ce combat. L’adresse concerne
potentiellement un milliard et demi de personnes. Ce n’est pas rien, et maints
pays sont déjà̀ ébranlés.
En quoi sommes-nous concernés ? Il ne s’agit évidemment pas de convertir
la France à l’Islam mais à pousser les musulmans qui l’habitent à vivre
pleinement leur religion dans ses traditions d’origine, non perverties et
littéralistes, et ce quitte à bousculer les valeurs de la République en
expliquant que les règles de l’appartenance à l’Oumma doivent primer sur toute
citoyenneté́ nationale. C’est évidemment un appel à dissidence. Les adeptes
dont la foi est plus chevronnée seront encouragés à défier les lois à travers
des actes ostensibles qui seront reprîmes. Et puis les plus déterminés seront
sollicités pour rejoindre le combat en terre de califat ou perpétuer là où
ils se trouvent les actes les plus barbares. (…)
Le projet radical islamiste nous interpelle à un autre titre. Si l’on
considère que l’une des plus grandes bifurcations de l’humanité́ fut les
Lumières, c’est-à-dire ce moment particulier où des hommes s’élevèrent pour
dire : « c’est assez, il faut en
finir avec les Lois divines supposées, régir nos vies, nous devons décider
nous-mêmes de nos lois et de notre façon de vivre ». Alors
effectivement, c’est cette grande bifurcation que l’on veut remettre en cause
et il ne faut pas s’étonner de voir resurgir les spectres du blasphème et de
l’attaque du sacré par ceux qui veulent faire ainsi étendre leurs croyances à
ceux qui ne sont pas concernés. Tout cela prouve que le combat pour les
Lumières est loin d’être terminé, y compris même au sein de l’Europe où
certains pays disposent encore d’un arsenal juridique qui réprime toujours le
blasphème, sous l’influence là, des religions chrétiennes. (…)
Que dire de plus ? Ah oui, ah les cons !
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